En février 2007, l’APN et la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations ont déposé une plainte en vertu de la Loi canadienne sur les droits de la personne, alléguant que le gouvernement du Canada exerçait une discrimination à l’égard des enfants et des familles des Premières Nations en sous-finançant le programme de services à l’enfance et à la famille des Premières Nations dans les réserves et au Yukon, et en appliquant une interprétation restrictive du principe de Jordan.
En janvier 2016, le Tribunal canadien des droits de la personne (TCDP) a donné raison aux plaignants dans une décision historique et a ordonné au gouvernement fédéral de mettre fin à sa discrimination, de réformer immédiatement le programme des SEFPN et de mettre pleinement en œuvre le principe de Jordan. Au cours des années qui ont suivi cette décision historique, le TCDP a émis plus de 13 ordonnances de non-conformité parce que le gouvernement du Canada ne respectait pas ses ordonnances.
En septembre 2019, à la demande de l’APN, le TCDP a rendu une décision sur l’indemnisation ordonnant au gouvernement du Canada de verser aux enfants des Premières Nations admissibles, à leurs parents et à leurs proches aidants une indemnisation de 40 000 $. La décision visait notamment les enfants des Premières Nations vivant dans les réserves et au Yukon retirés de leur foyer à partir de 2006, ainsi que les enfants des Premières Nations qui se sont vu refuser, ou qui ont reçu en retard, des services essentiels et autres mesures de soutien dont ils avaient besoin parce que le gouvernement du Canada appliquait une interprétation restrictive du principe de Jordan. Le gouvernement du Canada a demandé une révision judiciaire de cette décision, mais celle-ci a été confirmée. Le Canada a fait appel de cette décision devant la Cour d’appel fédérale, mais a choisi de négocier une résolution.
Deux recours collectifs ont également été déposés, l’un par l’APN et l’autre par Moushoom/Trout, en vue d’obtenir une indemnisation pour les enfants des Premières Nations et les membres de leurs familles victimes de discrimination en raison du sous-financement du programme des SEFPN et de l’application restrictive du principe de Jordan. Ces recours collectifs portent sur des indemnisations remontant à 1991, ce qui signifie qu’ils couvrent plus d’enfants et de proches aidants des Premières Nations que les ordonnances du TCDP. À l’automne 2021, le gouvernement du Canada a accepté d’entamer des négociations pour régler les recours collectifs.
L’APN, le gouvernement du Canada et Moushoom/Trout ont signé le 31 décembre 2021 un accord de principe prévoyant une indemnisation de 20 milliards de dollars pour les enfants et les familles des Premières Nations touchés par les pratiques de financement discriminatoires du programme fédéral des SEFPN et sa mise en œuvre restrictive du principe de Jordan. Au même moment, les parties ont signé une entente de principe, prévoyant un montant additionnel de 19,807 milliards de dollars, pour réformer le programme des SEFPN et pour la mise en œuvre intégrale et adéquate du principe de Jordan.
En septembre 2022, APN a demandé au TCDP d’approuver l’accord de principe sur l’indemnisation. Le TCDP a rendu une lettre de décision en octobre 2022, suivie d’une décision complète en décembre 2022, indiquant que l’accord de principe respectait en grande partie ses ordonnances de 2019 sur l’indemnisation, mais qu’il ne les respectait pas entièrement. Par conséquent, les parties au recours collectif et la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations du Canada (la Société de soutien) sont retournées à la table de négociation pour conclure un accord révisé répondant aux ordonnances du TCDP en matière d’indemnisation.
En avril 2023, l’APN a présenté une version révisée de l’Accord final de règlement sur l’indemnisation à l’Assemblée des Premières Nations pour approbation. Le 4 avril 2023, l’Assemblée des Premières Nations a approuvé à l’unanimité l’AFR par la voie de la résolution 04/2023, Accord final de règlement révisé sur l’indemnisation des enfants et des familles des Premières Nations.
L’AFR révisé a été soumis à l’approbation du TCDP. Le 26 juillet 2023, le TCDP a publié une lettre de décision annonçant l’approbation de l’AFR révisé. Il s’agit d’une étape importante dans le processus d’indemnisation, qui est le résultat de décennies de plaidoyer mené par les Premières Nations devant le TCDP et dans le cadre du processus de recours collectif.